En bref.
Le found-footage est une technique cinématographique visant à reproduire un effet de faux documentaire ("mokumentary") dans le but d'apporter un effet plus immersif et crédible au spectateur. Ces faux enregistrements auraient été retrouvés par la suite par des tiers puis divulgué sous forme de film.
Il est reconnaissable grâce à :
Effet faux-documentaire : aspect amateur, image mouvante, mauvaise qualité d'image, coupes brusques entre les prises...
Prises de vue à la première personne (POV) : il y a toujours un personnage de l'histoire qui est le caméraman, mais lors du tournage, c'est rarement un comédien qui tient la caméra. Attention, avoir une prise de vue à la première personne ne veut pas dire que c'est du found-footage (exemple avec le film Hardcore Henry)
Inclusion d'image de vidéo-surveillance
Inclusion de faux reportages télévisés ou de témoignages
Le found-footage est à la fois un genre et une technique. En effet, il répond le plus souvent à un certain cahier des charges.
Pas de musique propre au film : il n'y en a pas dans la vrai vie, en rajouter écarterait toute crédibilité. Seules les musiques auxquelles sont confrontés les personnages sont acceptées.
Peu de budget : c'est le critère principale qui mène généralement les productions à envisager le found-footage. En effet, le genre réclame une qualité d'image moindre et peut donc se permettre d'avoir une équipe technique réduite et un matériel moins coûteux.
Des acteurs peu connus : qui ont donc un salaire peu élevé.
Peu de personnage : afin de réduire les coûts humain et logistiques
Peu de lieux : l'histoire se passe généralement dans un périmètre restreint.
Temporalité courte : l'histoire se passe en un temps restreint.
Improvisations et erreurs : étant sensé représenter la vraie vie, les erreurs et improvisations dans le tournage sont beaucoup plus permises et tolérées.
Effets spéciaux : sachant que de grosses économies sont faites via les points précédents, la crédibilité et l'originalité de l'histoire peuvent être nettement améliorées en investissant dans des effets spéciaux de qualité.
Le found-footage n'est pourtant pas apparu avec le cinéma. Déjà dans la littérature cette forme de récit est courante : Dracula, Frankenstein ou encore l'Appel de Cthulhu se présentent sous la forme de journal intime ou de journal de bord écrit par les personnages de l'histoire. Pour le cinéma un des premiers films à utiliser cette technique est Cannibal Holocaust dans les années 80, mais il a rapidement été censuré pour ses scènes polémiques. Son aspect documentaire a semé le doute quant à savoir si de vrais meurtres ont été filmés (de vrais animaux ont cependant été sacrifiés face caméra). Le premier film à populariser le genre est Le Projet Blair Witch.
La technique a largement été popularisée par les films d'horreur ou d'épouvante mais on la retrouve dans divers genres :
Horreur (Rec, Paranormal activity...)
Comédie (Projet X, Babysitting)
Science-fiction (Cloverfield, District 9, Europa Report)
Fantastique et fantasy (The Troll Hunter, Chronicle)
Super 8 a diffusé en Janvier 2020 deux films innovants en found-footage :
The Troll Hunter, de André Øvredal (2011) racontant l'histoire de 3 étudiants enquêtant sur de mystérieuses disparitions en Norvège et découvrant, en suivant un chasseur particulier, qu'il s'agit d'actes perpétrés par des Trolls.
Chronicle, de Josh Trank (2012) racontant l'histoire des trois lycéens dotés de supers pouvoirs après avoir été exposés à un artéfact mystérieux. Ils apprennent petit à petit l’étendue et les limites de leurs nouveaux dons.
Ces deux films ont été filmés avec des moyens professionnels et l'aspect found-footage a été donné en post-production, en plus du travail des cadreurs. Ces derniers ont ainsi du "désapprendre" leur métier afin de donner cet aspect amateur et brouillon. De nombreux effets spéciaux ont été réalisés qui pour certains ont vu de nouvelles techniques se développer pour permettre l'effet recherché.
Nicolas Gentis
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