The Boys in the band est un huis clos : l’action se déroule durant une soirée d’anniversaire, en petit comité, dans un appartement new-yorkais dans les années 60.
Le risque d’un huis clos est de faire tourner l’histoire en rond et de ne pas arriver à lui donner du rythme. Sur ce point, The Boys in the band relève très bien le défi ! La première partie du film arrive à être très dynamique, beaucoup de personnages sont en mouvement, les dialogues sont courts et s'échangent très vite. La deuxième partie quant à elle est plus lente et prend son temps, c’est une sorte de réponse à la première. Ce changement de rythme est très bien réalisé et de par l’histoire, est totalement justifié. Néanmoins, l’histoire reste très prévisible et peu originale.
Le film nous présente un groupe de sept amis qui, a priori, n’ont comme seul point commun que le fait d’être gay. Si cela peut ne pas paraître suffisant pour former un groupe d’amis, il ne faut pas oublier que l’action se déroule dans les années 60. À cette époque, encore plus qu’aujourd’hui, assumer cette orientation sexuelle pouvait être très compliqué. De ce fait, ce groupe d’amis, et par la suite l’appartement en lui-même, constitue en quelque sorte une bulle à l’intérieur de laquelle ils peuvent assumer pleinement leur identité et s’autoriser certains comportements et remarques. Cela se ressent notamment lorsqu'un ancien ami de Michael arrive à l’improviste. Ce dernier lui ayant toujours caché son orientation sexuelle, va demander à ses amis d’en faire de même en sa présence. Ainsi l’équilibre de la bulle est altéré, créant alors des tensions au sein du groupe. La première partie a justement pour but de montrer toutes ces tensions. La deuxième partie, quant à elle, prend le temps de les résoudre. De ce fait, même si la deuxième partie est plus lente que la première, elle n’en est pas moins intense en émotion pour autant. Les deux parties se répondent.
Une chose très intéressante avec la construction de ce film est que l’action ne démarre pas tout de suite dans l’appartement. En effet, le film commence en suivant les différents personnages, chacun dans leur vie, sans indiquer au spectateur s'ils se connaissent ni comment. Ainsi, on peut voir comment chacun est en dehors de cet appartement, en dehors de cette bulle. Certains vont assumer pleinement leur identité, voire même incarner certains clichés, comme le personnage d’Emory qui est un peu efféminé. D’autres au contraire, comme le dit le film, “peuvent passer” pour hétérosexuels de par leur manière de s’habiller ou tout simplement par leur centre d’intérêt, tel que Hank. Et cela est bien car au final on a une variété de personnages assez vaste et non un catalogue de clichés, prouvant au passage qu’il n’existe pas qu’un seul type de “personnage” gay. Ces personnages sont d’ailleurs très bien écrits et arrivent tous à exister au même niveau à un moment ou un autre du film. Le personnage de Michael, très bien interprété par Jim Parson, est toutefois plus mis en avant que les autres, mais cela reste cohérent avec le film. En effet, la soirée se déroulant chez lui, il est celui qui va donner son rythme au film, tel un hôte cherchant à rythmer sa soirée.
Une autre chose intéressante dans la construction du film est le choix des musiques et surtout le choix du type : mis à part le générique de début et la musique de fin, les musiques sont uniquement intradiégétiques, c’est-à-dire qu’on entend exactement ce qu'entendent les personnages. Toutes les musiques arrivent parce qu’un des personnages met un disque ou joue du piano, puis s’arrête car un autre, ou lui-même, décide d’y mettre fin. De plus, la réalisation est toujours très proche des acteurs : on est rarement en dehors de la scène, à la regarder de loin. Au contraire, le plus souvent la caméra est posée au niveau des acteurs et dans la même pièce qu’eux. Ainsi, le fait d’être proche d’eux et d’entendre ce qu’ils entendent nous donne vraiment l’impression d’être avec eux. C’est comme si nous, spectateurs, faisions partie de cette soirée en tant qu'invités. Cela peut également se ressentir lorsque les personnages révèlent leurs histoires personnelles, principalement dans la deuxième partie. Au moment où les personnages racontent leurs histoires, les sons vont être très tamisés, la caméra va alors avancer très lentement vers le personnage qui parle. Ainsi, plus le personnage se livre et plus la caméra est proche de lui, faisant entrer le spectateur dans l’intimité du personnage. Cependant, l’impact de cet effet est légèrement diminué puisque, durant un même monologue, on alterne ces plans très proches du personnage et des plans plus banals sur les autres personnages l’écoutant, coupant ainsi l’effet émotionnel du plan. Un autre défaut que l’on pourrait reprocher au film est l’utilisation de flashback au moment de certains de ces monologues. Ces derniers ne sont pas vraiment nécessaires et ne font qu’illustrer ce que racontent les personnages. Cela reste toutefois très anecdotique dans le film.
Enfin, le film réussit très bien, autant au niveau des décors, des costumes ou tout simplement de part l’esthétique visuelle du film tel que la couleur de l’image, à retranscrire une ambiance très années 1960. Cela permet au spectateur de bien être inclus et éviter qu’il ne sorte du film. Ainsi, The Boys in the band est un bon film qui inclut parfaitement le spectateur le temps d’une soirée, arrivant à l'impliquer émotionnellement tout au long du film.
photo de couverture : The boys in the band
Alicia Dussol
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