Que ce soit dans la presse ou dans l’opinion du public, Joker est un film qui divise énormément. Ce que certains vont lui reprocher, d’autres vont au contraire l’apprécier. Tout d’abord, le scénario est très long, l’arrivée d’Arthur Fleck en tant que Joker se fait assez tardivement dans le film. De là, on peut avoir deux appréciations : soit on trouve que que la première partie du film a très peu d’intérêt et est trop longue, soit au contraire on trouve que celle-ci sert à mieux comprendre le personnage et donc a du sens et un intérêt. Un autre aspect du film qui divise est l’univers dans lequel évolue le personnage du Joker. En effet, certains lui reprochent de ne pas vraiment avoir d’impact sur le personnage en lui-même, que Arthur Fleck serait devenu le Joker peu importe le cadre dans lequel il évolue. Le scénario n’a pas besoin d’être rattaché à l’univers DC Comics pour fonctionner, le message du film étant indépendant de celui-ci. Par ailleurs, l’écart d’âge entre le Joker et Bruce Wayne, futur Batman, rend très étrange la future relation qu’ils sont supposés avoir, ces deux personnages étant censés se compléter tout en étant diamétralement opposés. Batman sans Joker n’a pas vraiment d'ennemis à sa hauteur et Joker sans Batman n’a pas de défi suffisant. Ils sont donc censés être plus ou moins de la même génération et l’un ne peut être au sommet sans l’autre et inversement. Or, là il est supposé que Joker va exister un certains temps sans Batman ce qui peut faire sortir le spectateur de l’univers, et donc du film.
Par contre, en ce qui concerne l'aspect technique du film, là les avis ne tergiversent pas autant. Le film est bien réalisé et la composition des cadres est très travaillée. De plus, le film possède une unité visuelle au niveaux des couleurs : on est toujours dans les mêmes tons, dans les mêmes ambiances. Cela permet de donner un identité visuelle au film et donc de bien marquer les spectateurs, d’éviter qu’ils n’en sortent une fois qu’il y ont accroché. Par ailleurs, la musique est un élément qui participe fortement à la qualité de l’œuvre, surtout au niveau du travail sur le son. La bande originale, comme pour l’image, va avoir une identité sonore assez particulière, qui va permettre d’intensifier certaines scènes, qui sont déjà très puissantes grâce aux différents aspects techniques cités plus hauts, tels que la composition du cadre, l’unité visuelle et la réalisation. En effet, là où, habituellement, on va être dans des tonalités médiums ou aiguës, on se retrouve ici avec des tonalités majoritairement graves interprétées par violoncelles et/ou contrebasses, où l’on ressent bien le frottement des cordes, ce qui rend la musique très prenante, surtout dans une salle de cinéma. Et en ce qui concerne les musiques pré-existantes, la plupart sont très bien insérées au film, et permettent d’avoir des petits moments funs et décalés dans ce film qui a une ambiance assez lourde et dramatique. Enfin, Joker est complètement porté par le jeu d’acteur de Joaquin Phoenix, qui joue extrêmement bien et de manière juste tout le long du film. Les acteurs secondaires jouent très bien eux aussi et sont très marquants, mais sans jamais pour autant éclipser Joaquin Phoenix des scènes.
Au final, Joker est un film qui divise, mais pas sur sa qualité. Certains aimeront, d’autres non, mais en fin de compte, le film est de très bonne qualité.
photo de couverture : Joker
Alicia Dussol
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